Pourquoi tous les comparatifs PrestaShop vs Magento sont biaisés
Tapez « PrestaShop vs Magento » sur Google et vous tomberez sur une avalanche d’articles interchangeables. Des comparaisons aseptisées. Des tableaux fonctionnels sans profondeur. Des listes de « avantages/inconvénients » qui ne prennent jamais position. Toujours la même rengaine : PrestaShop pour les PME, Magento pour les grandes entreprises. Et pourtant, des dizaines de clients migrent chaque année… dans le mauvais sens, ou trop tard. Pourquoi ?
Parce qu’on ne leur dit pas la vérité.
On ne leur dit pas que PrestaShop, sous ses airs de CMS simple et accessible, cache une complexité technique insidieuse, une instabilité structurelle et une stratégie commerciale que beaucoup jugeraient toxique. On ne leur dit pas non plus que Magento n’est pas nécessairement « plus lourd », mais qu’il est juste plus honnête sur ses exigences.
Ce que nous vous proposons ici, c’est un comparatif sans filtre, basé sur des retours terrain, des tests techniques réels, des chiffres concrets, et des constats tirés d’expériences de migration menées dans notre agence. Pas de langue de bois. Pas de neutralité artificielle. Juste la réalité brute d’un choix technique et stratégique qui peut faire — ou défaire — votre projet e-commerce.
PrestaShop ou Magento ? Ce n’est pas seulement une question de fonctionnalités. C’est une question de modèle, de transparence, et de coût total sur trois ans.
Ce comparatif est celui que personne ne veut publier, parce qu’il ne fait pas plaisir à tout le monde. Tant mieux.
La vérité sur PrestaShop : simplicité apparente, complexité réelle
Sur le papier, PrestaShop coche toutes les cases de l’outil idéal pour PME : open-source, français, intuitif, rapide à mettre en œuvre. Mais une fois en production, l’envers du décor apparaît. Derrière l’interface séduisante se cache une complexité structurelle masquée, souvent sous-estimée par les porteurs de projet… jusqu’à ce qu’il soit trop tard.
1. Les overrides : une bombe à retardement
PrestaShop repose sur un système d’override permettant aux modules de modifier le comportement du cœur du CMS sans le toucher directement. En théorie, cela favorise la modularité. En réalité, cela crée une situation anarchique où plusieurs modules peuvent écraser les mêmes fichiers, sans hiérarchie, ni priorité, ni traçabilité claire.
Conséquence : une simple mise à jour de module peut casser l’ensemble du site. Et le débogage peut coûter des jours de développement. Aucun système natif ne permet de détecter les conflits d’override. Vous êtes seul face au code.
2. Suppression de module ≠ suppression de code
Installer un module PrestaShop, c’est injecter du code dans le cœur du système. Mais désinstaller un module ne signifie pas qu’il est effacé. Très souvent, des fichiers, des hooks, voire des tables en base de données restent en place. Certaines boutiques contiennent plus de 40% de code zombie.
Ce comportement est digne d’un virus : le CMS reste instable, alourdi, et difficile à maintenir proprement. Une purge manuelle est souvent nécessaire, avec tous les risques que cela implique.
3. Une marketplace fragmentée et opaque
PrestaShop propose une marketplace officielle de modules, mais aucune garantie de compatibilité réelle entre les extensions. Aucun audit qualité rigoureux. Résultat : des modules payants, parfois chers (entre 79€ et 299€), entrent en conflit ou ne suivent pas les conventions du cœur du CMS. Et même les modules « officiels » ne sont pas à l’abri.
Plus grave : PrestaShop prélève une commission sur chaque vente de module tiers, ce qui oriente les développeurs vers une logique commerciale plutôt que qualitative.
4. Une dette technique structurelle
D’un point de vue architecture, PrestaShop est basé sur un vieux socle PHP avec un système de routing et de templating hybride entre Symfony partiel et architecture maison. L’API REST est limitée, la documentation souvent datée, et les tests unitaires quasi inexistants dans les modules courants. Cela rend tout projet complexe très risqué à moyen terme.
Résumé technique
Critère | PrestaShop | Impact réel |
---|---|---|
Overrides multiples | Présents, non priorisés | Instabilité fréquente |
Suppression propre de modules | Inexistante sans intervention manuelle | Ralentissement + bugs résiduels |
Compatibilité inter-modules | Non garantie, même sur la marketplace officielle | Risque de conflits critiques |
Architecture | Symfony partiel + socle legacy | Courbe d’apprentissage piégeuse |
Documentation développeur | Fragmentée et parfois obsolète | Dépendance à l’expérience terrain |
API REST | Limitée, non standardisée | Difficultés pour les projets headless |
La stratégie opaque de PrestaShop : versions, cassures, reconstructions forcées
PrestaShop n’est pas seulement un CMS, c’est aussi un produit structuré par une logique commerciale opaque, au détriment de la stabilité technique et de la fidélité de ses utilisateurs. Son évolution versionnelle depuis 2016 en est la preuve la plus flagrante.
1. De 1.6 à 1.7 : le premier grand virage
Le passage de PrestaShop 1.6 à 1.7 a été présenté comme une simple évolution. En réalité, il s’agissait d’un changement de structure profond, avec l’introduction partielle de Symfony, la réorganisation complète du thème par défaut (passage à StarterTheme puis Classic), et l’incompatibilité de nombreux modules et thèmes existants.
Résultat : les utilisateurs n’ont pas migré, ils ont reconstruit leurs sites à zéro. Cela a eu un effet domino :
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Modules achetés sous 1.6 devenus obsolètes
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Thèmes personnalisés inutilisables
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Données migrées dans la douleur (produits, clients, commandes…)
2. De 1.7 à 8.x : rebranding technique et illusion de continuité
Alors que la plupart des CMS du marché optent pour des cycles LTS (long term support) avec mises à jour progressives (comme WordPress, Shopify ou même Magento Open Source), PrestaShop a sauté vers une v8 présentée comme moderne… mais avec de nouvelles ruptures fonctionnelles, notamment sur les modules de paiement, de transport et d’export.
Les incompatibilités ne sont pas toujours documentées. Des modules “compatibles 1.7” refusent de fonctionner en 8.x. Les développeurs sont contraints de payer pour obtenir la version compatible, ou d’attendre des mises à jour parfois inexistantes.
3. Préparation de la v9 : l’ultime fracture ?
En 2025, la version 9 est déjà dans les discussions de la communauté PrestaShop. Avec elle, l’annonce officieuse d’une refonte majeure du cœur et une possible réorganisation des hooks. Une fois de plus, aucune garantie de migration simple. Tout indique que l’histoire va se répéter : obligation de tout refaire, modules à racheter, thèmes incompatibles, et données à migrer manuellement.
4. Un modèle économique sous-jacent problématique
Contrairement à ce qu’elle affiche, PrestaShop n’est pas un projet communautaire à but non lucratif. Le modèle repose sur :
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Des ventes de modules via une marketplace centralisée
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Une commission sur chaque vente (15% à 30%) prélevée par PrestaShop SA
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Un système d’abonnement « Addons Security » vendu comme une assurance de compatibilité
En réalité, chaque mise à jour majeure devient une opportunité commerciale déguisée pour forcer :
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La repurchase de modules (souvent rebadgés « compatibles nouvelle version »)
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L’achat de nouveaux services ou de support officiel
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La dépendance à un système que PrestaShop contrôle mais ne sécurise pas pour l’utilisateur final
Résumé critique
Passage de version | Compatibilité ascendante | Impact sur projet existant | Conséquence économique |
---|---|---|---|
1.6 → 1.7 | Quasi-nulle | Refonte complète | Modules et thème à racheter |
1.7 → 8.x | Partielle, instable | Modules souvent incompatibles | Dépendance aux éditeurs tiers |
8.x → 9.x (prévision) | Inconnue mais peu probable | Risque de rupture majeur | Cycle de reconstruction probable |
Écosystème module | Centralisé (addons) | Fragmenté, qualité variable | Commission PrestaShop + coûts cumulés |
Magento : trop complexe ou simplement honnête ?
Magento a mauvaise réputation. Trop lourd, trop technique, trop cher. Pourtant, ceux qui le critiquent n’ont souvent jamais posé les mains dessus. Car Magento (Adobe Commerce) ne ment jamais sur ce qu’il est : une plateforme e-commerce robuste, modulaire, pensée pour durer, mais qui exige des compétences à la hauteur de sa puissance.
1. Magento n’est pas difficile. Il est exigeant.
Là où PrestaShop donne l’illusion de la simplicité avant de révéler sa complexité, Magento fait l’inverse : il affiche dès le départ la couleur. Pour en tirer parti, il faut maîtriser l’écosystème :
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Composer, CLI, dépendances précises
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Déploiement par versioning Git
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Système de cache Varnish, indexeurs, cron jobs
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Architecture en modules bien cloisonnés avec dépendances injectées via DI (Dependency Injection)
Mais une fois ces bases acquises, tout est prévisible, documenté, structuré. Et c’est ce qui fait la différence.
2. Des cycles de version lisibles et stables
Magento ne casse pas ses versions tous les 18 mois. Le cycle est public, les versions LTS annoncées à l’avance, avec un suivi de correctifs précis.
Exemple :
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Magento 2.4.4 (sortie en mars 2022) est toujours maintenue
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Les migrations entre versions 2.x sont progressives et majoritairement automatisées via les outils officiels
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Adobe Commerce (la version payante) propose des garanties de compatibilité, des correctifs de sécurité proactifs, et du support long terme
Résultat : les coûts de maintenance sont prévisibles, les refontes sont planifiées, et les modules certifiés suivent des standards rigoureux.
3. Un socle technique à la hauteur
Magento repose sur un vrai framework moderne (Laminas, ex-Zend) avec :
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ORM natif (Doctrine-like)
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Thème en PHTML + XML layouting + Knockout.js pour les parties dynamiques
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REST API complète + GraphQL performant
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Système de hooks (events/observers) stable, sans override destructif
Contrairement à PrestaShop, le cœur de Magento est intouchable. Tout passe par injection ou extension. Ce qui évite les effets de bord, les conflits de module, et rend le debug prévisible.
4. Et le coût alors ?
Oui, Magento coûte cher… si mal utilisé. Mais à partir d’un certain niveau de trafic, de catalogue ou de besoin, il devient plus rentable que PrestaShop à long terme, car :
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Pas besoin de tout refaire à chaque version
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Moins de bugs critiques dus à des conflits
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Moins de modules commerciaux indispensables : tout est intégré (multi-langue, multiboutique, cache natif, etc.)
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Le temps de développement est plus long, mais plus stable
Magento, c’est le CMS des e-commerçants matures. Il n’est pas accessible à tous, et ne cherche pas à l’être. Mais il ne vous ment pas. Ce que vous voyez est ce que vous payez. Et ce que vous payez est ce que vous gardez.
Comparatif technique rapide
Critère | Magento (Adobe Commerce) | Évaluation |
---|---|---|
Architecture | Framework modulaire moderne (Laminas) | Solide et évolutive |
Compatibilité inter-modules | Très élevée (DI + événementiel) | Conflits rares, maintenables |
Cycle de version | Stable, prévisible, LTS | Professionnel et fiable |
Migration entre versions | Possible, avec outils natifs | Moins coûteuse sur le long terme |
Écosystème module | Adobe Marketplace, stricte vérification | Moins vaste, mais plus qualitatif |
API | REST + GraphQL complet | Idéal pour headless et PWA |
Courbe d’apprentissage | Haute | Demande une équipe compétente |
Et les clients dans tout ça ?
Ce ne sont ni les CMS ni les agences qui paient les conséquences des choix techniques douteux. Ce sont les clients. Ceux qui investissent dans une plateforme en pensant acheter une solution stable, et qui se retrouvent à devoir reconstruire leur boutique tous les 2 à 3 ans, parfois sans comprendre pourquoi.
1. Témoignage typique : la refonte subie
Prenons le cas de Julien, dirigeant d’un site e-commerce B2C dans le domaine des accessoires auto. En 2019, il lance sa boutique sous PrestaShop 1.6 avec 12 modules payants (total : 890 €). Deux ans plus tard, l’agence lui annonce que 1.6 est en fin de vie et qu’il faut migrer vers 1.7.
Problème : aucun module n’est compatible. Le thème est à refaire. Et plusieurs fonctionnalités doivent être redéveloppées sur mesure. Bilan : coût de migration équivalent à une refonte complète (4 200 €).
2024 : rebelote avec le passage à PrestaShop 8. Une mise à jour en théorie mineure, mais qui casse plusieurs modules vitaux (dont paiement et transport). Troisième projet en 5 ans. Résultat : épuisement, perte de confiance, changement de CMS.
Julien est loin d’être un cas isolé.
2. Le piège du « CMS gratuit »
PrestaShop est gratuit, c’est vrai. Mais sa logique économique repose sur le fait que chaque module vendu, chaque mise à jour obligatoire, chaque incompatibilité structurelle, pousse à racheter ou réabonner.
Une étude interne menée par notre agence sur 17 boutiques PrestaShop montre que :
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En moyenne, les e-commerçants dépensent 2,3 fois le prix initial de leur site en maintenance et remplacements de modules sur 3 ans
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82 % des boutiques migrées vers une nouvelle version ont dû repasser par un développeur pour reconfigurer manuellement tout ou partie du site
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64 % des modules payants n’ont pas été mis à jour dans les 12 mois suivant leur achat
Magento, de son côté, coûte plus cher à l’entrée, mais ne pousse pas à la consommation :
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Les modules sont souvent gratuits ou pérennes
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Les mises à jour s’installent sans effondrement de la structure
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Les coûts sont élevés, mais planifiés
3. Une dépendance déguisée
Le danger avec PrestaShop, c’est la dépendance implicite. Le client pense être autonome, mais il est :
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Dépendant des modules (souvent développés par des indépendants sans roadmap claire)
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Dépendant de la marketplace (qui prélève une commission sur chaque vente)
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Dépendant d’un CMS qui change de cap tous les 24 mois
À long terme, cette instabilité technique déguisée en liberté devient un piège stratégique.
Notre position : ce que PrestaShop ne dit jamais, et que Magento ne cache pas
Nous avons travaillé avec PrestaShop. Beaucoup. Trop. Nous connaissons ses points forts. Nous savons pourquoi il séduit. Et pourtant, si nous devons aujourd’hui orienter un client vers une solution e-commerce durable, scalable, structurée… ce n’est presque jamais vers PrestaShop.
Pourquoi ? Parce que PrestaShop cache ses failles sous une façade de simplicité, tandis que Magento, lui, affiche la complexité dès l’entrée, mais ne vous trahit jamais.
1. PrestaShop ne dit pas…
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Que ses mises à jour sont souvent des refontes déguisées
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Que ses modules sont souvent incompatibles entre eux, même sur sa marketplace officielle
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Que sa logique d’override peut littéralement détruire une boutique après une simple désinstallation
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Que la suppression d’un module ne nettoie pas le code, ni en front, ni en back
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Que les versions 1.7, 8, 9 ne sont pas des évolutions mais des cassures
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Que la marketplace est contrôlée commercialement, sans standard qualité structurant
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Que les clients doivent racheter les mêmes modules tous les 3 ans sous prétexte de compatibilité
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Que sa fausse gratuité coûte plus cher à long terme que beaucoup de CMS payants
2. Magento ne cache pas…
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Qu’il faut une équipe compétente pour le mettre en place
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Qu’il faut un vrai budget pour le maintenir correctement
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Que sa documentation est technique, rigoureuse, parfois dense
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Que son socle technique est lourd à installer, mais stable sur le long terme
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Que ses versions sont planifiées, compatibles, maintenues
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Que son API REST et GraphQL sont pensées pour l’avenir
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Que le code est propre, modulaire, injecté, sans écrasement sauvage
En résumé : PrestaShop vous sourit, puis vous piège. Magento vous fait peur, puis vous respecte.
C’est là que se joue la vraie différence. Ce n’est pas une question de fonctionnalités. C’est une question d’honnêteté structurelle
Conclusion tranchée : quel CMS pour qui, pourquoi, et à quel prix réel
Il est temps d’arrêter de comparer PrestaShop et Magento comme s’il s’agissait de deux solutions équivalentes différenciées uniquement par leur prix ou leur complexité. Ces deux plateformes ne jouent pas dans la même cour, et surtout, n’ont pas le même niveau d’éthique technologique.
PrestaShop a fait illusion pendant longtemps. Il a séduit par sa gratuité, son interface familière, sa promesse d’autonomie. Mais il souffre d’un mal structurel : l’instabilité chronique déguisée en évolutivité. Chaque refonte est une casse. Chaque mise à jour majeure est une loterie. Chaque module est une dépendance piégée.
Magento, à l’inverse, assume sa rigueur. Il est difficile, mais fiable. Il ne cherche pas à séduire les débutants. Il cherche à accompagner ceux qui veulent bâtir une plateforme solide, pensée pour durer, scaler, s’intégrer.
Tableau comparatif final
Critère | PrestaShop | Magento (Adobe Commerce) |
---|---|---|
Installation de base | Simple, rapide | Technique, complexe |
Architecture | Legacy + Symfony partiel | Framework complet (Laminas) |
Gestion des modules | Overrides non contrôlés, conflits fréquents | Cloisonné, injection, stable |
Mises à jour majeures | Cassantes, refonte fréquente | Progressives, compatibles |
Marketplace | Vaste mais non vérifiée | Plus restreinte mais certifiée |
Nettoyage après désinstallation | Incomplet, traces résiduelles | Propre, modulaire |
API et Headless | Très limité | REST & GraphQL natifs |
Coût initial | Faible | Élevé |
Coût à 3 ans (TCO) | Fortement variable, souvent sous-estimé | Stable, maîtrisé à long terme |
Pour qui ? | TPE/PME peu techniques avec budget court | PME/ETI structurées, projets ambitieux |
Recommandation claire
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Utilisez PrestaShop si vous êtes une micro-entreprise, que votre budget est très limité, et que vous êtes prêt à jeter/reconstruire tous les 2–3 ans.
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Choisissez Magento si vous avez une vision long terme, une vraie stratégie produit, un budget solide et le besoin d’un socle technique propre, extensible et documenté.
Mais surtout : ne vous fiez pas à la surface. Posez les bonnes questions. Demandez les vraies garanties. Et surtout, écoutez ceux qui ont dû refaire leur site trois fois, pas ceux qui l’ont installé une fois